K Off est une section dédiée aux artistes émergents tunisiens. Elle se donne pour mission de faire découvrir de nouveaux talents dans l’art vidéo et de contribuer au développement de propositions artistiques utilisant ce médium.

La section K Off donne aussi carte blanche à de jeunes curators tunisiens, en leur permettant d’exprimer leurs choix artistiques et d’être auteurs d’une exposition à part entière.

Fidèle à la ligne éditoriale d’El Kazma, la section K Off ne souscrit à aucune orientation particulière ni thématique prédéfinie. Elle marque ainsi l’engagement de Gabès Cinéma Fen à encourager la jeune scène artistique en Tunisie et à l’accompagner dans son parcours naissant.

En partenariat avec La Boîte, une structure de soutien, de diffusion et de médiation de l’art contemporain en Tunisie.

EKART

AHMED BEN NESSIB

FRAGMENTS

GHASSEN CHRAIFA

FINLANDIA

DORA DALILA CHEFFI

TERRAIN DU PERMIS

Asma Laajimi

CARTE BLANCHE

SALMA KOSSEMTINI

La nouvelle section Art vidéo K OFF est dédiée aux artistes Tunisiens émergents. Sise au cœur du centre-ville de Gabès comme un point de raccord entre El Kazma et l’Agora, cette exposition consiste en une recherche heuristique de l’image en mouvement, mettant en lumière la vidéo en tant que médium, matière de création, de réflexion et de critique. À penser ses limites … Est-ce une succession d’images immobiles ou en mouvement ? Est-ce le dispositif de diffusion qui la définit ou bien le processus de sa création ? Est-ce un dialogue entre le son et l’image ou bien le reflet de l’espace de sa genèse ?

Ce rapport à l’image qu’entretient chaque artiste avec la vidéo, aussi dénotatif soit-il, est bien fondamental pour la compréhension du processus qui est le sien. Déclinée en différentes possibilités par les artistes, elle ne se limite point à ce qui est perceptible, mais à ce qu’elle signifie pour chacun d’entre eux. Elle prend la forme d’un dessin, d’un son, d’un parcours, d’un souvenir ou d’une critique. Aussi ambiguë soit-elle, elle se définit au gré du processus et du contexte de sa genèse.

Partant à la recherche de la vidéo dans son état brut, métaphorique, expérimental, expérientiel et sonore, K OFF offre un crossover d’une esthétique, qui émane d’une démarche itinérante traitant l’être et le devenir des mots, l’identité, l’intuitif et un reflet d’une réalité socioculturelle. Aussi complexe que la sphère dans laquelle elle émerge, les artistes présentés dans cette section ont trouvé dans l’image, et plus spécifiquement l’image en mouvement, un champ d’expérimentation et d’exploration mêlant différents médiums et techniques plastiques.

Divers sont les approches et les processus adoptés. En partant de l’expérience du texte – pour Ahmed Ben Nessib “travailler à partir du texte, signifie pour lui tout faire pour le dépasser » –, d’un va et vient entre le dessin et le conte d’Isaac, l’artiste met en place une technique qu’il dénomme “la technique du nageur” ; une technique qui convie à réécrire les mots en dichotomie. Dessin par dessin, il les anime laissant paraître ce qui précède et ce qui succède. Il explore l’animation à en définir une qui ne réside pas entre les dessins mais dans le dessin en soi. Scrutant ce processus fragmentaire entre la place du mot, le dessin et l’animation, Ben Nessib interroge leurs définitions littérales en aboutissant à créer les siens.

Le texte a notamment accompagné Rim Harrabi, en traitant l’expérience de la vanité du poème de Galway Kinnell dans son imaginaire. Sa représentation expérimentale se situe dans les nœuds que présente ce poème ; elle met en scène la latence des personnages dans une atmosphère envoûtante, à la limite chimérique, énoncée en prose, de l’adulte à son enfant, et traduite par Harrabi en une installation audiovisuelle.

Quant à l’œuvre de Cheb Terro, c’est un processus entamé qui se transforme en un hommage à un artiste de la scène underground hip hop en Tunisie. Une installation qui rend compte du mouvement qu’il a créé, Toxic Club, et de la polyphonie de son écriture. Dans ce contexte, les clips vidéo qu’il a créés serviront-ils de vecteurs de transmission par la nature de leur proximité du jeune public ? Serviront-ils d’archives pour l’esquisse critique d’un espace socioculturel qu’il qualifie de « sous-planète « ?

À définir ces dimensions ou à transcrire un espace, Asma Laajimi retrace un souvenir d’enfance et d’un lieu qui s’altère. D’un regard observateur et à la fois passif, elle longe l’espace urbain dépourvu de ses dynamiques saisonnières, voué au pouvoir décisionnel d’un gouvernement inerte. D’une image absurde sur ces pas heureux, elle documente cet espace qui a bercé sa routine d’été et qui se désintègre à présent. Un présent … à l’image du contexte urbain de Gabès.

L’espace sert, tout de même, de support pour Ghassen Chraifa. D’un regard intuitif, son quotidien est muni de brèches esthétiques qui l’accompagnent à différentes temporalités. II répertorie des moments d’arrêt ou de passages en fragments visuels à l’instar d’un journal de route.

Pour Dora Dalila Cheffi, sa conception de l’espace s’étend de la construction géographique, vers un rapport à soi et son identité. Elle dénoue le rapport de ses racines mixtes en une ode à l’identité à travers une interprétation de l’hymne national finlandais en Tabbel Kerkennah, visuellement accompagnés de formes de couleurs contrastées qui interagissent dans une installation tryptique. De ces formes poétiquement assemblées, elle tente d’atteindre un équilibre entre son identité plurielle, l’héritage, la langue et la musique.

K OFF est en quelque sorte un espace de réception, conduisant à la perception visuelle de ces réalités multiformes, vécues et éprouvées par les artistes. La transcription de la manière dont elles ont influencé leur expression esthétique... Ainsi, le public naviguera entre six expériences distinctes, entre plusieurs médiums plastiques, digitaux, bruts ou édités, ayant leurs contextes, définis comme un point d’ancrage.

HEND_SABRI

SALMA KOSSEMTINI

Salma Kossemtini (née à Tunis, en 1996) est une jeune curatrice, designer d’espace. Elle suit des études curatoriales au Tasawar Curatorial Studios en parallèle avec un master de recherche en théorie de l’art. Son intérêt porte sur l’art contemporain, le design et leur impact socioculturel. Elle s’est consacrée à la pratique curatoriale depuis 2016 dans différents festivals locaux et internationaux tels que INTERFERENCE.tn, SEE Djerba.tn, Evi Lichtungen.de et Lichtrouten.de, où elle a assisté les curateurs et dirigé un studio d’artistes. Sa pratique s’articule également autour de la médiation en mettant l’accent sur l’expérience du public et la coordination des différentes composantes des projets.