Difficile de célébrer un art qui a toujours été du côté de la vie alors que la mort nous encercle. Mais la vie continue et dans son mouvement elle charrie l’espoir d’une éclaircie. Un des principes directeurs de la section « Cinéma » et de ses ramifications dans cette édition de Gabès Cinéma Fen est notre désir de contribuer à redessiner une carte des cinémas arabes qui transcende les catégorisations classiques Fiction , Documentaire et Cinéma expérimental. Nous n’entendons à travers ce parti-pris de programmation que ces catégories sont devenues obsolètes mais qu’elles sont trop étriquées pour fidèlement rendre compte du dynamisme d’un champ artistique caractérisé par la labilité de ses frontières, l’hybridation de ses formes et le nomadisme de ses dispositifs .
À travers ce geste inclusif et nécessairement politique notre dessein est aussi de rompre avec la centralité d’un « certain » Cinéma arabe pour aller voir et donner à voir ce qui se joue dans ses « marges » esthétiques et politiques. Cette « ouverture du spectre » est aussi pour nous une manière de provoquer des rencontres entre notre public et des propositions artistiques singulières « invisibilisées» par les manifestations cinématographiques consacrées aux cinémas arabes du fait de leur prétendu « élitisme » qui les rendrait opaques pour le spectateur « ordinaire ». Notre credo est autre à Gabès Cinéma Fen. Ce qui nous a guidé dans nos choix ( que nous assumons par ailleurs intégralement) est le souci d’ un partage d’expérience avec nos publics sans jamais préjuger de leur « réceptivité » face à telle ou telle œuvre. Les films sélectionnés l’ont été parce qu’ils nous ont touchés , parce que nous y avons cru et parce qu’ils nous ont éclairés sur un certain état du monde et de la région arabe.